TOGO : L’Eglise sensibilise ses homosexuels contre le Sida

L’initiative œcuménique de lutte contre le VIH/SIDA en Afrique (EHAIA) poursuit sa mission en faveur des groupes spécifiques, particulièrement exposés au fléau, au sein des églises.

Les estimations sont suffisamment évocatrices de l’ampleur du phénomène au sein des églises au Togo. L’EHAIA estime à plus de 2000, la communauté d’homosexuels avec laquelle son programme travaille, juste dans trois villes que sont Lomé, Aného et Kpalimé. Au Togo, des enquêtes ont démontré que les MSM (Ndlr : homosexuels) constituent 17 à 20% des personnes vivant avec le SIDA, 29% pour les travailleurs de sexe et 29% également des usagers de la drogue.

Les mêmes enquêtes révèlent que ces groupes sont représentés également au sein des églises. « Ce sont des gens qui sont dans des églises, qui se connaissent, qui se réunissent souvent pour parler de leurs problèmes, mais que des responsables d’églises en connaissent pas forcément», a expliqué le pasteur Godson Lawson, Vice-président du Conseil d’Administration du programme EHAIA. Au Togo, cette initiative de décline à travers un programme du Conseil Œcuménique des Eglises (COE).

Ce programme cible ce qu’on désigne par la ‘ « minorité sexuelle ». « La lutte contre le SIDA est maîtrisée au sein des églises, mais il y a une croissance de la prévalence au sein des groupes spécifiques et des minorités sexuelles, notamment les travailleurs de sexe, les usagers de la drogue, les homosexuels, etc… », insiste le pasteur Godson Lawson, en marge d’un atelier organisé à l’intention d’une vingtaine de jeunes, issus de ces groupes au sein des églises.

Pendant trois jours, les participants ont échangé sur des thèmes comme, « prévention de l’infection à VIH et les nouvelles opportunités de traitements pour les groupes spécifiques, les minorités sexuelles et les MSM ; méthodologie de l’étude contextuelle de la Bible dans les groupes spécifiques ; implications éthiques de la relation masculin-masculin, féminin-féminin en situation d’infection à VIH.. ». Des experts dont des universitaires sont intervenus au cours de cet atelier organisé dans un hôtel à Lomé.

Sur l’existence des MSM au sein des églises, les pasteurs se défendent en reprenant les propos de l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, selon lesquels « les gays sont eux-mêmes à l’image de Dieu » ou encore, qu’il n’aurait « jamais adoré un Dieu homophobe ». Les MSM se recrutent aujourd’hui au sein de toutes les couches sociales au Togo, notamment parmi les sommités de l’Etat.

Les sensibilisations ne visent pas à décourager ceux d’ont l’orientation sexuelles est source de curiosité, voire d’intolérance, mais plutôt à les outiller pour mieux vivre dans un contexte hostile et leur offrir un meilleur accès aux soins en matière de VIH/SIDA.

« Les gays, les lesbiennes, les bisexuels et les transgenres font partie de tant de familles dans notre pays. Ils font partie de la famille humaine, sont membres de la famille de Dieu et bien sûr de la famille africaine », souligne le pasteur Godson Lawson qui y voit l’intérêt d’avoir de l’égard pour ses semblables. L’élaboration d’une cartographie de la situation nationale ainsi que d’un document de prévention, de conseils à l’endroit des minorités sexuelles, est envisagée par l’EHAIA.

Aghu
Source – KOACI.com